Dans le cadre de la Journée Mondiale sans tabac, faisons le point avec le Dr Jean-Philippe Santoni, pneumologue et bénévole à la Fondation du Souffle, sur les bienfaits de l’activité physique quand on veut arrêter de fumer. Quels sont les avantages ? À quoi doit-on faire attention ? Quelles sont les recommandations à avoir en tête ?
Faisons tout d’abord le point sur le tabac en France
Faisons tout d’abord le point sur le tabac en France
Le tabagisme est la première cause de mortalité prématurée évitable en France. Il est responsable de plus de 73 000 décès par an, soit 200 décès par jour. Il entraine une perte de 10 à 12 ans d’espérance de vie en moyenne tant chez les hommes que chez les femmes. En particulier il est responsable de :
- 44 000 décès par cancer : chez l’homme, un cancer sur trois est directement lié au tabagisme.
- 8 000 décès par insuffisance respiratoire et d’une grande majorité de la morbidité pneumologique actuelle, bronchopneumopathie chronique obstructive, emphysème, fibrose et cancer pulmonaires.
- 18 000 décès par maladies cardiovasculaires : 80 % des infarctus du myocarde de moins de 50 ans sont fumeurs. Il explique l’augmentation de l’incidence de l’IDM (Infarctus du myocarde) chez les femmes de 35 à 55 ans, à mettre en parallèle avec une augmentation de 7 points de la fréquence du tabagisme des femmes de 45 à 65 ans entre 2005 et 2010.
Le tabagisme est à l’origine d’une dépendance importante qui rend l’arrêt du tabac difficile du fait de l’apparition d’un syndrome de sevrage avec des manifestations variées. Pendant les premières semaines sans cigarette, des symptômes de manque peuvent survenir :
- changements d’humeurs ;
- irritabilité ;
- tristesse ;
- fatigue ;
- troubles du sommeil ;
- augmentation de l'appétit ;
- prise de poids ;
- parfois douleurs physiques et constipation.
Ils sont toutefois temporaires alors que les bienfaits d’arrêter de fumer augmentent tout au long de la vie.
Pour arrêter de fumer, il est préférable de bénéficier du soutien de structures et de professionnels de santé. Ils apportent un suivi personnalisé, et conseillent pour éviter les symptômes de sevrage et le risque de reprise du tabac. Un bilan de santé avec des recommandations adaptées est nécessaire en cas d’arrêt du sport depuis longtemps.
Une des solutions pour réduire ou supprimer les effets secondaires du sevrage tabagique est la pratique d’une activité physique et sportive.
Avoir un objectif sportif donne une bonne motivation pour arrêter de fumer, et la pratique d’une activité physique régulière procure un sentiment de bien-être. Le sport aide à soulager les symptômes dépressifs et d’anxiété, permet de limiter ou d’éviter la prise de poids et la constipation, et diminue la dépendance physique à la nicotine.
Au début du sevrage, il n’est pas utile de pratiquer une activité sportive de grande intensité. En effet, la fumée du tabac a pu entraîner des troubles respiratoires et provoquer une diminution importante du souffle.
Les activités extérieures sont à privilégier. Certaines activités sont particulièrement adaptées :
- marche
- vélo
- marche nordique
- course une à deux fois par semaine par séances de 30 minutes en augmentant progressivement leur durée
- musculation
- gymnastique douce, en extérieur ou à défaut en intérieur, sont également bénéfiques, ainsi que le yoga, la relaxation.
Les autres sports plus physiques, peuvent être pratiqués avec une progression adaptée des efforts.
Mais quelque soit l’activité physique et sportive choisie, il est nécessaire d’arrêter le tabac au préalable, car sport et tabac ne font pas bon ménage, et l’association des deux augmente l’essoufflement et les risques cardio-vasculaires.